René BOUR (1925-2016) : Né le 12 décembre 1925 à Valmont (Moselle). Il s’installe à Lachambre où il exerce la profession de serrurier. Il est incorporé dans l’armée allemande à 18 ans le 16 février 1943 avec Clément BETRAND, son ami, dans le Grenadier Ersatz Bataillone 162. En décembre 1943, il se trouve à Smolewicze en Biélorussie sur la rivière Plisa à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Minsk. La région est en effet occupée par l’armée allemande depuis le 26 juin 1941 suite à l’opération Barbarossa d’invasion de l’URSS. Il stationne également à Lyck en Prusse orientale, aujourd’hui Elk dans le nord-est de la Pologne près de Kaliningrad à la frontière lituanienne. A l’issue d’une permission accordée entre le 1er et le 15 décembre 1943, face à l’horreur du front russe, René BOUR choisi de déserter de l’armée allemande. Il se cache pendant plus de six mois à Longeville-lès-Saint-Avold chez Clément BERTRAND, lui-même déserteur, avec qui il avait été incorporé dans le même régiment. Le 3 juin 1944, il est arrêté à Longeville-lès-Saint-Avold et enfermé quelques heures à la caserne. Il est ensuite transféré dans le Sonderlager du fort de Queuleu où on lui attribue le matricule 1154. Il restera dans les sinistres geôles, pieds et mains liées, yeux bandés, jusqu’au 24 juillet 1944, soit 51 jours. Il est condamné quelques jours plus tard par le tribunal militaire de Metz, à quatre années de prison (Zuchthaus) pour désertion (Fahnenflucht). Il échappe à la peine de mort. Du 24 juillet 1944 au 30 août 1944, il est détenu 37 jours au fort de Plappeville. A l’approche de l’armée américaine, il est évacué à la prison de Münster (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) où il arrive le lendemain. Il y restera 10 jours jusqu’au 11 septembre 1944. Puis, René BOUR sera interné à Lingen (Basse-Saxe) jusqu’au 10 novembre, puis Gollnow, aujourd’hui Goleniow, (Pologne) jusqu’au 3 mars 1945 et enfin Bützow (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale) où il est libéré le 3 mai 1945. Il est enfin rapatrié en France le 23 mai 1945 en passant par Lille. René Bour se trouve alors à 850 km de chez lui et vient de passer 334 jours de détention dans les geôles nazies… Après la guerre René s’impliquera dans l’association du fort de Queuleu en intégrant son conseil d’administration à la fin des années 1980 jusqu’aux années 1990. Il est décédé le 23 août 2016 à Saint-Avold.


Sources :

-Léon Burger, Le Groupe Mario : une page de la Résistance Lorraine, Amicale des Anciens Déportés, Familles de Disparus et Amis du Fort de Queuleu, Imprimerie Louis Hellenbrand, Metz, 1965 et 1985.

-Cédric Neveu, La Gestapo en Moselle. Une police au cœur de la répression nazie, Éditions du Quotidien, Strasbourg, nouvelle édition 2015.

-Archives familiales.

-Archives de l’Association du fort de Metz-Queuleu.

-Interviews.