Léon HEIMBURGER (1893-1944) : Léon Heimburger est né le 18 septembre 1893 à Sarreguemines (Moselle). Son père est cadre aux chemins de fer. Après des études secondaires à Sarreguemines, il poursuit brillamment des études supérieures à l’Ecole impériale technique (Kaiserliche Technische Schule) de Strasbourg d’où il sort diplômé en juillet 1914. Pendant la Première Guerre Mondiale, il est incorporé dans le génie allemand sous le grade d’aspirant. Il contracte en 1917 une grave maladie pulmonaire sur le front russe. En 1919, il est embauché au service des chemins de fers des forges et aciéries d’Hagondange comme ingénieur machiniste. En 1924, il devient chef des ateliers de chemins de fer et transports de l’U.C.P.M.I. d’Hagondange. Marié à Camille Rose Nicklaus, père de quatre enfants dont un décédé en bas âge, il réside à Hayange. En 1939, il n’est pas mobilisable en raison de ses problèmes de santé. Après un bref exode en Auvergne en 1940, il revient en Moselle où il reprend son activité professionnelle.

Dès 1940, sur incitation de son gendre René Bauer, il adhère très tôt à l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.) dirigée par Just Scharff alias « Emmanuel » pour le département de la Moselle. Ce réseau débute clandestinement ses actions en 1941 et se structure vers 1943 pour mener des actions de renseignements et de passage de la frontière. En raison de la localisation géographique de sa résidence à proximité de la frontière avec la Meurthe-et-Moselle, de la grande taille de sa demeure et de sa profession en lien étroit avec des responsables des chemins de fer, Léon Heimburger est sollicité pour faciliter des passages la frontière. Il héberge ainsi des prisonniers de guerre français évadés, des déserteurs et réfractaires de l’armée allemande, des parachutistes alliés puis les aide à passer clandestinement la frontière. Il participe par ailleurs à des sabotages dans son usine. Il est interpelé en 1941 et 1942 pour sa méfiance vis à vis de l’occupant et non pour ses activités de passeur. A partir de 1943, il fait partie des F.F.I. comme chef de section d’un groupe d’environ 70 personnes.

Léon Heimburger est arrêté le 30 novembre 1943 dans le cadre de l’affaire Schoving-Scherer-Borgmann car ce dernier a hébergé Jean-Jacques Meysembourg et Paul Ball, réfractaires au Reichsarbeitsdients (service du travail obligatoire du Reich). Cet hébergement avait été effectué dans le cadre de ses relations avec Karl Borgmann, du Service de renseignement britannique dont la filière est démantelée par les nazis en septembre, et Alphonse Scherer, un agent infiltré de la Gestapo qui se prétendait passeur.

Léon Heimburger est ensuite interné au camp spécial du fort de Queuleu. Le 12 janvier 1944, il est transféré au camp de concentration de Natzweiler où il décède le 9 février 1944 à 3h20 officiellement de « tuberculose pulmonaire et d’insuffisance cardiaque ». Ses cendres sont rendues à sa famille. Il a obtenu la médaille de la résistance française et a été fait chevalier de la légion d’honneur à titre posthume.


Sources :

-Cédric Neveu, La Gestapo en Moselle. Une police au cœur de la répression nazie, Éditions du Quotidien, Strasbourg, nouvelle édition 2015.

-International Tracing Service (ITS).

-Archives de l’Association du fort de Metz-Queuleu.

-Archives familiales.