Nicolas GANGOLF (1921-1944) : Nicolas Gangolf est né le 13 juillet 1921 à Volmerange-les-Mines (Moselle). Il est le fils de Bernard Gangolf et Barbe Crée. Domicilié au 60 rue d’Ottange, il est scolarisé à l’école communale de Volmerange-les-Mines. L’adolescent évolue au sein de l’équipe locale de football, le Cercle Sportif Volmerange (CSV). En octobre 1939, les habitants de Volmerange-les-Mines sont évacués et une partie des familles de mineurs de fer, dont celle de Nicolas Gangolf, trouve réfuge à Saint-Rémy-sur-Orne (Calvados). Les exilés à Saint-Remy-sur-Orne reviennent à Wollmeringen, nom germanisé de Volmerange-les-mines, vers la mi-septembre 1940. Nicolas Gangolf, célibataire, exerce le métier d’ajusteur lorsqu’il est contraint au Reichsarbeitsdienst du 7 octobre 1942 au 23 janvier 1943. Par la suite, il est incorporé dans l’armée allemande. Le 1er mars 1944, Nicolas Gangolf, porté déserteur de la Wehrmacht, tente de rejoindre la France en recourant au réseau Marie-Odile, également appelé « filière Malou », organisé à Metz autour de Marie-Louise Olivier. Cependant, la filière avait été infiltrée par Émile Schang, un agent de la Gestapo. Le 17 mars 1944, Émile Schang prévient ses supérieurs qu’il est en charge d’escorter douze jeunes gens (parmi lesquels quatre déserteurs de la Wehrmacht dont Nicolas Gangolf) (voir Alphonse Barthel). Le transit est prévu le même jour à 18h30 au départ de la gare de Metz en direction d’Amanvillers (Moselle annexée), village frontière avec la Meurthe-et-Moselle (France occupée). Schang reçoit des instructions visant à retarder la progression des personnes en situation irrégulière qu’il est chargé de guider, afin de laisser le temps aux policiers de leur tendre une embuscade. Le groupe de Schang prend le train comme prévu à Metz, descend à Montvaux, attends la tombée de la nuit dans un café, puis s’engage dans le tunnel précédant la montée vers Amanvillers. À peine les fugitifs pénètrent-ils dans la galerie qu’une escouade de la Gestapo émerge en leur ordonnant de lever les mains. Des tirs sont échangés et entrainent la blessure à la tête de Kurt Pistorus, chef de la section de lutte contre les passeurs de la Gestapo de Metz. Les clandestins finissent par être maitrisés, ligotés puis rassemblés au poste de police d’Amanvillers, tandis que Kurt Pistorius est transféré à l’hôpital. Les quatre déserteurs de la Wehrmacht pris dans le guet-apens sont livrés à la justice militaire pour être jugés. Nicolas Gangolf est ensuite interné dans le camp spécial du fort de Queuleu. Nicolas Gangolf est condamné à mort pour trahison, puis transféré au camp de Berlin-Ruhleben à Berlin (Allemagne) où il est fusillé le 16 décembre 1944. Ce camp, situé à environ 10 km à l’ouest de Berlin, est actuellement divisé entre les districts de Spandau et Charlottenburg-Wilmersdorf. La dépouille de Nicolas n’a jamais été restituée à sa famille. L’acte du décès correspondant est établi le 21 juillet 1948 par le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre à Paris, sur les bases des éléments d’information figurant au dossier n°325831. Sa transcription est effectuée à Volmerange-les-mines le 11 août 1948. Nicolas Gangolf est déclaré « Mort pour la France » le 27 novembre 1956 et son nom figure aumonument aux morts de Volmerange-les-Mines. Il est homologué au statut de déporté résistant le 15 mai 1961 et la médaille des déportés et internés de la Résistance lui est délivrée à titre posthume. De plus, par décret du 6 juillet 1962, il est décoré, toujours  à titre posthume, de la médaille militaire. Émile Schang, auxiliaire mosellan de la Gestapo infiltré dans la « filière Malou » qui a conduit à l’arrestation de Nicolas Gangolf comparait devant la cour de justice de la Moselle le 6 décembre 1946. Il est condamné à mort pour trahison et fusillé le 8 août 1947.


Sources :

-Cédric Neveu, La Gestapo en Moselle. Une police au cœur de la répression nazie, Éditions du Quotidien, Strasbourg, nouvelle édition 2015.

-Archives de l’Association du fort de Metz-Queuleu.

-Archives familiales Romain Wagner (fonds Nicolas Gangolf).

-Archives communales de Volmerange-les-Mines (registres d’état civil et fichier domiciliaire).

-Archives départementales de la Moselle (19J17, fonds Neigert, fiche Nicolas Gangolf).

-Archives du Service Historique de la Défense (SHD) : Pôle des archives des victimes des conflits contemporains, Caen, AC 21 P611233, dossier Nicolas Gangolf / Vincennes, GR 16 P29126, dossier Nicolas Gangolf et GR 16P 241764.

-Lionel Boucher (Ordre de la Libération) : échanges de courriels janvier-février 2020.

-Secrétariat Général pour l’Administration (SGA), base des médaillés de la Résistance, fiche Nicolas Gangolf.

Philippe Wilmouth, Cédric Neveu, Gangolf Nicolas, dans Le Maîtron, Dictionnaire biographique. Mouvement Ouvrier. Mouvement social, 2007, en ligne.

-Romain Wagner, Volmerange-les-mines et l’exil de ses habitants 1939-1940, Quarto d’Altino, 2019, 3e édition, pp. 61, 117 et 138.

-Romain Wagner, Dino Carelle, Memorandum Cercle Sportif Volmerange – Club Olympique Saint-Genest – 1921-2006, Marly, 2013, pp. 29, 31, 33, 39 et 242.

-Romain Wagner, Wollmeringen, Volmerangeois, contraintes nazies et réactions 1940-1945, à paraître.